[]

49 Le regard de la famille

La fois dernière j’ai parlé de l’écoute. Aujourd’hui je vais essayer de parler du regard. Il me reste le toucher pour la prochaine fois.

Une blague initiatique :

la famille était réunie pour le dîner et le fils aîné annonça qu’il allait se marier avec la voisine d’en face.
Le Père – mais sa famille ne lui a pas laissé un sou !
La mère – elle n’a pas été capable d’économiser un centime !
Le petit frère – mais elle ne connaît rien au football !
La sœur – mais jamais j’ai vu une fille aussi ridicule !
L’oncle – elle ne fait que lire des romans
La tante – elle s’habille avec mauvais goût
La grand-mère – elle dépense tout en maquillage

Alors le garçon dit : tout cela c’est vrai, mais elle a un énorme avantage sur nous tous
La famille : et quoi ?
Le jeune homme : elle n’a pas de famille ..

On voit les différents regards de la famille quand on va faire un couple. Ces différents regards nous les portons tous et le regard de la famille ce n’est pas notre regard. On ne peut pas faire une relation avec l’autre comme on le souhaite tant qu’on a le regard de la famille. Bien sûr que c’est assez fort ce que je vous dis. Mais si je vois le monde à travers les yeux de ma mère, je ne peux pas voir le monde. Je suis le canal par lequel ma mère voit le monde. Tant que je vois le monde par les yeux de mon père, je ne peux pas voir le monde. Je vois le monde que mon père voit, alors les actions que je fais dans le monde ne me correspondent pas. Elles correspondent à ma mère. C’est dur, mais il faut se rendre compte. C’est pourquoi j’ai inventé la Psychogénéalogie. Il y a un moment où on est possédé par le regard des autres comme dans le Vaudou : et parfois je te regarde comme ma tante te regardait, comme mon frère regarde et au milieu de la relation amoureuse je commence à parler de ma mère ou de mon père. Je n’arrête pas de parler de ma maman, je n’arrête pas de parler de mon Papa, je n’arrête pas de parler de mon frère, je n’arrête pas de parler de ma sœur. Je n’arrête jamais ! Et moi, où je suis en train de parler du regard des autres, quel est mon regard ? Je ne dis pas qu’il faut casser avec la famille, je dis qu’il faut mettre les yeux à leur place. Les yeux de ma mère dans les orbites de ma mère, les yeux de mon père dans mon père, tous les yeux à leur place et mes yeux à ma place. Il faut casser le regard des autres pour arriver à mon regard car tant que j’ai le regard des autres en moi je ne vois pas les autres. Je vois le monde qu’ « eux » sont en train de voir.

Comment regarder quelqu’un : Beaucoup de personnes veulent être des thérapeutes ou veulent être des êtres humains. Pas vous, ceux qui sont dehors !

Premièrement : quel est le premier vice du regard car le regard est actif, l’écoute est passive. L’autre fois je vous ai dit que l’écoute devrait être comme un vagin, réceptif. Mais le regard est comme un phallus, il est actif. Le défaut de l’écoute c’est de se fermer à l’écoute. Le défaut du regard c’est ou avoir des regards agressifs, pénétrants ou s’aveugler, ne pas vouloir voir.

Le premier défaut du regard c’est quand il est matériel. Je ne peux pas me le permettre si je suis dans la voie de la sainteté. La sainteté ce n’est pas une affaire de religion mais chacun de nous peut tendre à la sainteté citoyenne. L’état de sainteté c’est un état de l’amour à l’autre, voilà, tout simplement. Et pourquoi je ne regarderais pas avec amour l’autre, qui me l’empêche ?. Le regard matériel ne va voir l’autre que dans sa matérialité. Il va se dire « si je lui vole ses lunettes, je peux les revendre à 1000 fers », il a tel âge, ses cheveux sont comme ça, ses mains sont comme ça, elle a de la poitrine etc.. C’est le regard du commerçant, ce n’est un regard que matériel : elle est bien habillée, elle est mal habillée. Je vois les personnes par leur aspect. Le regard va évaluer l’autre dans sa race, dans sa situation sociale etc..Si nous voulons avoir un regard d’amour nous pouvons seulement mesurer, sans critiquer, on se rend compte. J’étais en Hollande pour un salon littéraire pour parler d’un romain et le chauffeur qu’on m’avait envoyé avait une toute petite main ratatinée. La première chose que je lui ai dit en lui prenant la main c’est « qu’est-ce qui t’est arrivé à la main ? » Il m’a dit « je suis très content car d’habitude les gens font semblant de ne rien voir et ne parlent jamais de cela » Il m’a raconté qu’il s’était brûlé quand il était enfant, qu’il avait eu 12 opérations etc, etc..on a fait un acte de Psychomagie : génial. C’est un regard qui n’est pas un jugement, c’est un regard qui voit. Le mépris de quelqu’un parce qu’il n’a pas d’argent, tout cela ce sont des regards malades. Nous pouvons évaluer et voir dans quelle mesure on peut aider quelqu’un. Ce n’est pas nécessaire de juger.

Il y a aussi le regard exclusivement sexuel. Il est très enrichissant. Quand je surprends un regard comme cela en moi, je suis très content car c’est un apport d’énergie formidable. Mais il faut une certaine pudeur, tu ne peux pas te laisser aller à ce regard pur. Ce n’est pas possible car tu fais devenir chaque personne un objet de ta convoitise ou un objet de ton refus. »cette personne m’est antipathique, cette personne m’est sympathique ». Quand je lis les Tarots chaque personne qui vient je la reçois bien, je suis complètement en dehors de l’antipathie ou de la sympathie, du désir ou du refus du désir. L’être qui s’assoit devant moi je le regarde, je le mesure, je ne me permets pas la sympathie ou l’antipathie.

Chaque personne qui arrive qu’est-ce que c’est pour moi ? En réalité on n’est de père ni mère de personne. On peut jouer le jeu mais on est créé tous par la même force créatrice. On est tous frères et on est tous sœurs. Alors chaque être qui arrive devant toi c’est ton frère et c’est ta sœur. C’est profondément vrai. Et tu as avec cette personne le même regard que tu as avec quelqu’un de ta famille, pareil. Tu as un amour de fratrie avec les gens, parce qu’on est tous frères et sœurs de la même créativité. Pour arriver à ce regard là il faut tout un travail. Il faut travailler ses yeux. On peut se demander comment je suis en train de regarder, qu’est-ce que je porte dans mon regard, d’où part mon regard ? est-ce qu’il part de mon corps ? le maître doit avoir un regard physique parfait. Ou est-ce que mon regard part de ma créativité ou est-ce qu’il part de mon cœur, ou mon regard part de mon intellect ?

Est-ce que je dois avoir un regard affectif sur quelqu’un. C’est plus difficile car dans l’amour il y a la haine. Si j’ai un regard d’amour dans le sens de la possession j’aurais un regard de haine. Il faudrait arriver non pas à un amour humain mais à un amour divin et le regard d’amour n’est pas un regard que moi je donne c’est un regard qui se donne à travers moi. C’est différent. Quand je donne un regard d’amour animal je gêne la communication. Je ne dis pas que tu ne dois pas aimer les êtres que tu aimes. C’est la même chose que quand on dit que la Terre doit être un jardin tu dois avoir d’abord ton jardin à toi. Tant que tu ne cultives pas ton jardin personnel tu ne peux pas dire que tu aimes la planète. Alors pour pouvoir se donner il faut avoir le minimum nécessaire. Je peux avoir ce regard aimant avec les êtres intimes mais je ne peux pas voir ce regard là pour l’humanité. Sinon je rentre dans une relation intime qui n’est pas bonne.

Le regard intellectuel aussi, c’est une catastrophe car c’est un regard de jugement mental de l’autre, c’est un regard compétitif.

Alors quel est le regard que je dois avoir, comment je pose mes yeux, quelle est la racine de mon regard ? La racine de mon regard c’est que je me donne comme un canal mental, émotionnel, créatif /sexuel, corporel à une force universelle qui nous remplit tous. Je connecte mon regard à la source de vie. Donc j’arrête le travail personnel pour un regard impersonnel mais qui n’est pas froid. C’est seulement à travers l’impersonnel que j’arrive à regarder avec la force de l’amour qui construit tout. On dit que le Bodhisattva où il pose son regard, il bénit. Vous pouvez faire cet exercice là : regardez et bénissez. Tous les êtres que vous voyez, vous les bénissez. Quand on arrive à la bénédiction constante on est arrivé au vrai regard. Quand je te regarde je ne te possède pas, je ne te juge pas, je n’attends rien de toi, je ne vais rien te donner, rien te demander, je me communique avec toi. As-tu besoin de moi ? je suis là. Moi je suis là ? non, l’être essentiel est là. Il n’y a rien de personnel dans ce regard. On se communique d’âme à âme. C’est la dédicace bouddhiste la plus connue. La communication se fait de mon âme à ton âme. On arrive à la perfection.

Essayez de regarder les gens dans cet état là, vous verrez que la vie change ! Et aussi allez chez vous et regardez tous les objets qui sont chez vous, et tous les souvenirs qui sont chez vous et toutes les personnes qui sont chez vous. Regardez vos amis comme cela et regardez le regard qu’ils ont et où leur regard est limité.

Vis à vis des regards agressifs GURDJIEFF disait : premièrement te mettre à la place de l’autre et deuxièmement ne pas te préoccuper si la personne parle bien ou mal de toi, occupe-toi de toi-même. Si tu es sensible au regard de l’autre il faudrait faire un travail pour savoir pourquoi tu es sensible à ce regard là. Quand tu vas arriver à la perfection tu vas transformer les agressions en fleurs.

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays. cassette enregistrée et prêtée par Denis Patouillard Demoriane.